Le rapport de la littérature à la représentation médiatique du génocide au Rwanda paraît poser un problème inédit et révélateur de phénomènes sociaux contemporains méritant d’être questionnés. Dans des sociétés comme la nôtre où l’image apparaît, d’une part, comme un matériau plus accessible, plus illustratif, un outil qui fait plus directement appel à l’affect et au ressenti, capable de déclencher un choc immédiatement, mais aussi, d’autre part, comme le vecteur privilégié des idéologies, la littérature comme medium de construction de la mémoire d’un événement demande à être redéfinie dans ses moyens et sa « poéthique ». Et ce, particulièrement dans l’ère de la « simulation » dans laquelle nous vivons, inaugurée par la télévision et théorisée par Jean Baudrillard, qui correspond à un « hyperréel », à une forme d’existence où la différence entre l’être et l’apparence est abolie, substituant au réel même des signes du réel.