"Réflexivité et tautologie dans Videodrome et eXistenZ"
Résumé
Dès sa sortie, eXistenZ a été rapproché de Videodrome, pour des raisons de scénario (retour de David Cronenberg au scénario original après plusieurs adaptations, similarité des récits) et de récurrence de thèmes (schizophrénie, dédoublement, hallucination) ou de motifs précis (la plaie-magnétoscope vaginale et le bioport, les pistolets de chair et d’os). On a donc supposé immédiatement qu’eXistenZ constituait non seulement une relecture, mais aussi peut-être une « explication » de Videodrome (dans une relation de métatextualité selon la terminologie de Gérard Genette). On peut, en effet, considérer que ces deux films fonctionnent en miroir : l’un rejoue et interroge l’autre pour mener à bien une réflexion sur les images et leur rapport avec la réalité, selon un trajet conduisant de la fiction des frontières (entre hallucination et réalité, perception et représentation) à leur effacement (poétique des raccords et motifs figuraux), du référent au signe (réflexion sur l’arbitraire du langage et éloge du déplacement qu’opère l’image cinématographique), et enfin, du motif du double à celui d’une unité toujours à reconstruire – ce qui promeut la tautologie, à travers la circularité et la répétition, comme aboutissement nécessaire de ces questions réflexives.