« Pas un seul jour ne s’est écoulé depuis dix ans sans que mon cœur ait souffert par vous, et pourtant je vous ai tant aimé », écrit Germaine de Staël à Benjamin Constant le 8 janvier 1814. Ce mélange d’amour et de douleur, s’il caractérise toute passion, revêt une importance particulière dans les relations tourmentées qui unirent les deux amants. Leur correspondance révèle en effet un troublant entrelacs de plaisir et de souffrance, comme si le besoin de l’autre répondait, étrangement, à des pulsions négatives qui mêlent à l’amour, le dégoût de soi ou la recherche de la blessure. Comment dès lors réexplorer l’histoire de ce célèbre couple ? Cette conférence s’intéressera à l’hétérogénéité de leurs passions et aux affects contradictoires qu’elle mobilise, aussi bien dans leurs lettres que dans les représentations imaginaires qui nourrissent plusieurs de leurs fictions (Adolphe, Corinne, Delphine).