La découverte récente, sur plusieurs fouilles préventives en Champagne-Ardenne, de séries de fosses datées du Mésolithique exigeait de faire un premier point sur le sujet, et de s'interroger sur la nature et l'ampleur de cette pratique. Plusieurs profils de fosses mésolithiques semblent coexister. Parmi ceux-ci, un type se distingue par sa répétition et son indiscutable originalité par rapport à toutes les formes connues de fosses archéologiques. Le modèle est une fosse circulaire d'environ 0,8 à 1,5 m de diamètre et cylindrique sur 0,8 à 1,8 m de profondeur. Le fond est parfois souligné par un trou central, qui évoque un poteau. La fosse est comblée majoritairement par des lits de sédiments anorganiques peu humifères cimentés très compacts. Les indices de culture matérielle sont presque totalement absents, comme les macrorestes carpologiques, qui pourraient signaler une activité précise. Les résidus abondants de macro-charbons demeurent les seuls indices d'une activité humaine. Une première vague de dates 14 C propose des résultats situés dans un intervalle chronologique compris entre 9600 et 6400 cal. BC. La question de leur fonction suscite de vives discussions, avec pour arrière-plan idéologique l'évolution socio-culturelle des sociétés mésolithiques européennes et leur degré de sédentarité et de complexité sociale. Si l'hypothèse de stockage peut sembler à première vue la plus séduisante, d'autres sont plausibles, comme celle liée à la chasse ; ces deux fonctions pourraient d'ailleurs être complémentaires.