Se former par le voyage, c’est faire l’expérience d’une métamorphose via le cheminement vers et dans l’ailleurs. Le voyageur, lorsqu’il part, et en amont, lorsqu’il se prépare au départ, s’engage sans toujours se le dire vers une voie de transformation des manières de vivre et de penser son existence. Les vécus du voyage comportent des dimensions initiatiques qui ont été pensées et thématisées, notamment par les traditions philosophiques de la Lebensphilosophie et de la Bildung, ainsi que par les courants contemporains de la formation expérientielle et des histoires de vie en formation. Les expériences de l’ailleurs, pour devenir formatrices, doivent en effet être réfléchies et comprises en vue de leur intégration dans une histoire constituant le « cours de la vie » du sujet. Comprendre « biographiquement » les métamorphoses à l’œuvre au cours du voyage nécessite d’étudier « dans le temps » les processus par lesquels un changement d’état s’opère, relevant d’un devenir-soi conjugué avec une intensification de la participation au monde. Il y a donc, pour penser les dimensions formatrices du voyage, à en proposer une théorie, en caractériser les processus expérientiels et biographiques, situer les fonctions narratives en lien avec les métamorphoses à l’œuvre.