Plutôt que d'enfermer les tiers-lieux dans une définition forcément restrictive 1 , je décrirai rapidement la dynamique dans laquelle cette notion est en train de s'institutionnaliser. Le terme fait référence aux « third places » décrites par Ray Oldenburg (1989) dans un ouvrage intitulé « The Great Good Place: Cafes, Coffee Shops, Bookstores, Bars, Hair Salons, and Other Hangouts at the Heart of a Community ». Ce sont des espaces de sociabilité dans lesquels des personnes issues de mondes différents peuvent se rencontrer, échanger et créer un langage commun, voire s'engager ensemble dans une action collective. Dans cet ouvrage, l'auteur décrivait le rôle de ces espaces de proximité situés entre le domicile et le travail, et analysait les conséquences sociales de leur disparition suite aux transformations de la ville américaine. En France aussi, l'urbanisation et les modes de vie ont changé après la Seconde Guerre mondiale. Les métropoles se sont développées au détriment des territoires ruraux, les magasins des centres villes disparaissent. Cependant, il reste des bibliothèques, des cafés et des centres socio-culturels.