Le prologue de Ce que Tristan se disait sur la mer, une initiation au monde et à la poésie. - Archive ouverte HAL Accéder directement au contenu
Article Dans Une Revue Les cahiers du Bayle-vert Année : 2017

Le prologue de Ce que Tristan se disait sur la mer, une initiation au monde et à la poésie.

Estelle Ceccarini

Résumé

Ce que Tristan se disait sur la mer s’ouvre sur un bref et beau prologue qui, 1 avant de raconter l’errance songeuse du héros mythique , nous le montre enfant, dans les bras de sa mère, quand il reçut de ses mains un étrange baptême marin. Ce baptême, où l’enfant est « noyé » dans les eaux de la mer, pourrait sembler un geste cruel s’il n’était accompagné d’une évocation légère mais fascinante de la tendresse maternelle. Baptême qui est bien sûr l’initiation de ce Tristan « petit chevalier » à la dureté du monde, pour en faire un homme fort, mais aussi une initiation essentielle, qui rappelle, sans aucun doute, celle, mythique, d’Achille. 2 Une initiation qui, donc, forge l’être du Tristan de Delavouët, frère d’Ulysse , un Tristan qui est aussi poète, et, ainsi, ce que nous conte ce prologue est avant tout une initiation émotive, existentielle et poétique. D’autre part, nous sommes devant un texte bref mais très structuré, de six strophes denses qui permettent de comprendre ce Tristan poète. Dans les deux premières strophes, on trouve le récit du geste baptismal, le moment où l’enfant est plongé dans les eaux, puis sa sortie, et c’est aussi le lieu de l’évocation de la figure maternelle avec sa vaste tendresse, et dont la présence, à la fois légère et lumineuse, rayonne sur le poème, comme c’était le cas pour Ève dans le cycle qui ouvre le grand œuvre de Max-Philippe Delavouët. Pourtant, cette présence s’évanouit des deux strophes qui suivent, strophes consacrées à la figure de Tristan enfant, du Tristan « petit chevalier nu », et à la méditation sur le cœur, centre de l’homme, livré aux bonheurs et aux blessures de l’existence. Enfin, dans les deux strophes sur lesquelles se clôt le prologue, on retrouve la mère et l’enfant qui, comme l’Ulysse du Lucernaire du cœur fléché, quittent le paysage marin qui est ouverture sur l’immensité du monde, sur les quatre horizons, sur l’inconnu, pour rejoindre la campagne, l’univers paysan où la mère peut laisser son enfant, fruit devenu mûr, quitter le nid de ses bras. Au-delà de l’émotion que fait naître la brève et belle évocation de la tendresse maternelle, la beauté à la fois forte et frêle du petit enfant, ce texte — si dense d’échos avec le reste de Poème — nous semble une très belle méditation sur l’origine de la sensibilité singulière de cet « homme de verre », qui est, dans le même temps, miroir lumineux et fragile transparence, et qui pourrait-être un portrait du poète. Ce sont ces éléments essentiels que nous chercherons ici à mettre en évidence.
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Identifiants

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Citer

Estelle Ceccarini. Le prologue de Ce que Tristan se disait sur la mer, une initiation au monde et à la poésie.. Les cahiers du Bayle-vert, 2017, Autour de Tristan, 1 (8), pp.42-59. ⟨hal-03167756⟩
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