Plusieurs commentateurs ont remarqué la forte présence d'exemples raciniens pour illustrer les Figures du discours de Pierre Fontanier 1 , à côté d'ailleurs d'autres auteurs tragiques (Voltaire) ou de poètes. Ce qui est étonnant, c'est que certains de ces énoncés exemplifiés sont précisément ceux qui avaient été critiqués à l'époque de Racine pour obscurité 2 , éloignement des constructions autorisées par l'usage, ou parce qu'on y reconnaissait des « pointes », comme dans le vers d'Andromaque : Brûlé de plus de feux que je n'en allumai 3 , utilisé par Pierre Fontanier comme exemple de syllepse 4. Aujourd'hui encore, certaines de ces formulations divisent : certains y voient de grandes réussites expressives, symboles d'une écriture racinienne laconique, hardie, qui n'hésite pas à faire se rencontrer les contraires ; d'autres y voient la marque occasionnelle d'une recherche trop « rhétorique », précisément. De fait, un examen attentif de certains de ces exemples avec les outils de la polyphonie et du dialogisme (que nous ne distinguerons pas pour le moment), révèle qu'ils ont souvent comme point commun la présence de superpositions ou de clivages énonciatifs. Il s'agira alors de remonter de la théorie des « figures » vers celle de la pointe, de manière à montrer comment, un changement important s'étant produit dans le rapport au discours et aux voix qui s'expriment dans les énoncés raciniens, ainsi que dans leur interprétation, certains de ces énoncés ont pu être « dédialogisés », pour ainsi dire, ou « dépolyphonisés », pour être intégrés à l'édifice rhétorique.