Cette contribution propose de rendre compte d’une recherche personnelle en création musicale, ciblée vers l’écologie sonore, et réalisée à l’occasion d’une thèse en « Pratique et Théorie de la Création Artistique ». Souvent, nous apprécions les sons de la nature, et nous rêvons d’une écoute claire (Schafer, 2010). Or il est quasiment impossible aujourd’hui d’écouter un oiseau chanter ou une goutte d’eau tomber, sans que le son ne soit parasité par une multitude d’autres sons environnants (Hempton, 2016). De fait, les compositeurs de musique mixte, concrète ou électroacoustique ainsi que les artistes sonores, luttent pour éliminer la pollution acoustique autant que possible des captations de terrain (Mâche, 2007). Cette recherche-création en musique consiste au contraire à reconnaître certaines nuisances sonores – des sons de faible intensité et principalement stationnaires – que nos oreilles urbaines filtrent : il s’agit de les isoler pour les archiver et les cartographier sur un site web , puis de s’intéresser à leur substance.