La situation de crise sanitaire globale où nous nous trouvons depuis plusieurs mois est dominée par un nombre considérable d’incertitudes alors que nous pouvions avoir, dans le contexte de nos sociétés hypermodernes, le sentiment que certains principes prévalaient dans l’organisation de nos existences, parmi lesquels ceux de maîtrise et de contrôle, voire de prédiction avec les promesses de ce qui est appelée l’intelligence artificielle et qui se base sur des calculs algorithmiques. Or nous vivons dans une crise sanitaire qui nous déstabilise radicalement et collectivement, en nous confrontant à la peur d’être contaminés, de contaminer les autres et nos proches, ou plus brutalement encore, à la peur de la mort elle-même. C’est l’une des raisons qui nous fait accepter le confinement et les restrictions de nos déplacements de manière globalement si obéissante. Ces deux facteurs, la montée de l’incertitude et l’accroissement de la peur, étaient susceptibles de créer les conditions d’une acceptation assez massive d’un système technique tel que StopCovid qui fut présenté comme un moyen efficace d’endiguer la pandémie. Pour autant, c’est davantage une méfiance à l’égard d’un tel dispositif de traçage numérique qui l’a emporté. Son utilisation fut globalement très limitée à l’échelle de la population française, et les chiffres d’utilisation de l’application venue la remplacer, TousAntiCovid, sont loin d’être impressionnants. Alors quels motifs interviennent dans ces adoptions, globalement restreintes, d’applications de traçage? Surtout, quelles questions d’éthique et socio-philosophiques soulèvent-elles ?