See et voir : la construction à sujet locatif – de la perception à la connaissance ? - Archive ouverte HAL Accéder directement au contenu
Chapitre D'ouvrage Année : 2021

See et voir : la construction à sujet locatif – de la perception à la connaissance ?

Résumé

Cet article propose une étude contrastive de see en anglais et voir en français dans la construction à sujet locatif, dénommée en anglais « setting-subject construction » (Langacker, 1991 ; 2008). Dans cette structure, le sujet grammatical réfère à une localisation spatiale ou temporelle, alors que dans leur emploi classique de verbes de perception, see et voir entrent dans une construction prototypique où le sujet grammatical renvoie à un animé humain. Cette étude qualitative, fondée sur des énoncés authentiques et conduite dans une perspective énonciativiste et cognitiviste, s’articule autour de trois volets. Elle identifie les différences et les similitudes que présente la construction à sujet locatif – terme qui recouvre à la fois les sujets spatiaux et temporels – avec see et voir, grâce, entre autres, à une typologie des sujets et des objets acceptés par les deux verbes. Elle détermine les paramètres et les facteurs qui, dans les deux langues, favorisent l’apparition de la construction à sujet locatif en discours, notamment par le biais d’une comparaison avec les énoncés de perception prototypiques. Lorsque les deux structures sont possibles, le choix de l’une ou l’autre est clairement motivé : par exemple, l’objet syntaxique d’une construction à sujet locatif, contrairement à celui dans un compte rendu de perception, réalise un procès réifié. Pour finir, l’étude met au jour le sens associé à l’utilisation de la construction à sujet locatif, et montre que le codage grammatical et, donc, la nature du référent du sujet grammatical incarnent une façon particulière d’envisager la scène, et une conceptualisation différente de celle d’un compte rendu de perception prototypique. La topicalisation d’un inanimé en position de sujet grammatical et la nature ontologique du référent de l’objet, un procès réifié, entraînent la défocalisation de tout percevant humain. Le cadre locatif est construit comme le repère par lequel le conceptualisateur accède au procès réifié, tout comme dans un compte rendu de perception l’expérient est le participant animé qui donne à ce qui est perçu le statut de stimulus. Une construction à sujet locatif met au premier plan une connaissance acquise, fondée éventuellement, mais pas nécessairement, sur une inférence perceptuelle, plutôt qu’une expérience perceptuelle d’événements. Elle s’envisage alors comme le codage grammatical d’opérations cognitives qui permettent d’adopter une perspective globale, unifiée, sur la situation, et représente une généralisation qui peut être reliée aux expériences individuelles. Construction subjectivée et grammaticalisée, elle reflète un point de vue englobant qui transcende l’expérience immédiate, structure le réel et le rend signifiant.
Fichier non déposé

Dates et versions

hal-03105232 , version 1 (11-01-2021)

Identifiants

  • HAL Id : hal-03105232 , version 1

Citer

Christelle Lacassain-Lagoin. See et voir : la construction à sujet locatif – de la perception à la connaissance ?. Lacassain-Lagoin Christelle; Marsac Fabrice; Ucherek Witold; Chovancova Katarina; Zazrivcova Monika. Sens (inter)dits-2. Verbes et architectures syntaxico-discursives, 6 (2), L'Harmattan, pp.47-66, 2021, Collection Dixit Grammatica, 978-2-343-22730-6. ⟨hal-03105232⟩
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