Genres vs auteurs : lutte des classes et choix stratégiques en études cinématographiques - Archive ouverte HAL Accéder directement au contenu
Communication Dans Un Congrès Année : 2013

Genres vs auteurs : lutte des classes et choix stratégiques en études cinématographiques

Résumé

Célébré par la tradition critique et universitaire dominante, l’ « auteur » se présente encore aujourd’hui comme le critère ultime d’analyse des objets filmiques. En raison de ses accointances avec un cinéma que l’on voudrait non commercial, non industriel et dégagé de toute contrainte économique, la notion d’auteur est fréquemment opposée à celle de « genre », catégorie concurrente en études cinématographiques, mobilisée elle aussi pour décrire, organiser et analyser un corpus filmique. Le genre, parce que largement associé à une cinématographie populaire et états-unienne (bien que le cinéma français y ait été perméable, quoi qu’en aient dit les critiques), souffre encore aujourd’hui d’une bien moindre légitimité en tant que catégorie d’analyse, susceptible d’être convoquée par les chercheurs pour penser les objets audiovisuels. Il ne nous revient pas ici de faire l’histoire de la lutte intestine entre les notions de genre et d’auteur non plus que d’en faire la théorie, ce que d’autres ont fort bien fait avant nous, mais de démontrer la pertinence de l’interprétation selon les genres dans un cadre précis. Nous voulons prendre pour exemple une recherche personnelle, conduite sur les réalisateurs de cinéma d’origine européenne expatriés aux États-Unis durant la première moitié du XXe siècle. Alors que l’imposante filmographie des « Européens à Hollywood » (près de 2700 films) semble prédisposée à une analyse par le prisme des « auteurs » – parce que nombreux sont les cinéastes concernés à avoir accédé à ce haut rang (Alfred Hitchcock, Billy Wilder, Fritz Lang, Charles Chaplin) –, nous avons fait le choix d’analyser ce corpus filmique par le biais d’une médiation générique. Les données que nous avons pu recueillir sur les œuvres issues du transfert Europe-Hollywood ont ainsi été organisées prioritairement par genres et, dans un second temps seulement, par réalisateurs. Loin de contraindre notre enquête ou de restreindre les résultats à une portion congrue, l’interprétation selon les genres s’est révélée particulièrement heuristique, faisant émerger des éléments jusque-là inconnus sur l’œuvre des cinéastes étudiés. Par la présentation des enjeux théoriques et des principaux résultats de notre enquête, cette communication a ainsi vocation à étayer les arguments de la nouvelle genre theory, considérant le genre non plus comme une donnée essentielle de l’objet filmique, mais bien comme une catégorie mouvante relevant de processus interprétatifs dynamiques, donc interrogeables en termes scientifiques.
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Dates et versions

hal-03073274 , version 1 (16-12-2020)

Licence

Paternité - Pas d'utilisation commerciale - Pas de modification

Identifiants

  • HAL Id : hal-03073274 , version 1

Citer

Chloé Delaporte. Genres vs auteurs : lutte des classes et choix stratégiques en études cinématographiques. Colloque international, Interpréter selon les genres, laboratoire Culture, Patrimoine et Tourisme (Université Cadi Ayyad, Marrakech), pôle Praxitexte du CREM (Université de Lorraine), CEDITEC (Université de Paris-Est Créteil), laboratoire Sciences du langage et Rhétorique (Université de Liège), Marrakech, 18-20 avril 2013, 2013, Marrakech, Maroc. ⟨hal-03073274⟩
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