La poursuite, non formalisée, des travaux de prospection et de recollement bibliographique dans le Val de Saire a permis ces dernières années de proposer une extension maximale du territoire anthropisé durant la Protohistoire ancienne autour de Tatihou. Dans le même temps, la cartographie des dépôts d’objets métalliques dans le même secteur a connu des avancées significatives, suite à la mise au jour de plusieurs ensembles – du Bronze moyen aux premiers temps de l’âge du Fer – ou objets dans les labours au gré des travaux agricoles ou des prospections. L’ensemble de ces découvertes a ouvert sur des propositions interprétatives qui faisaient écho à celles proposées dans un autre territoire protohistorique bien délimité dans le département de la Manche : la Hague avec son rempart le Hague Dike, fondé à la fin de l’âge du Bronze. Cette interprétation portait sur la part symbolique et topographique que revêtait l’emplacement de ces dépôts, placés en marge du territoire anthropisé. Ce constat a depuis fait l’objet de constatations similaires en Grande-Bretagne et aux Pays-Bas (cf. le programme européen : Economies of Destruction piloté par David Fontijn). De manière à valider ou infirmer cette proposition de modèle, notre attention s’est tournée naturellement vers le Val de Saire où un territoire, fondé plus anciennement, au cours du Bronze ancien II, et qui est encore fréquenté au premier âge du Fer, permettait de tester les paramètres observés dans la Hague (habitats, parcellaires, sites de hauteur, dépôts, objets isolés) sur une plus longue durée. Ce programme de prospection thématique tente d’apporter des éléments formels et robustes pour étayer les hypothèses en cours sur le lien entre les dépôts et le territoire de la fin du IIIe millénaire au début du Ier millénaire.