Pierre Guyotat ou le rapport à la langue
Résumé
L’écriture, quand elle prend acte de la cruauté qui reste en partie impensée, et en fait sa matière, permet de lutter contre l’asservissement. Un peu comme la psychanalyse rencontre toujours de nouvelles résistances, pour peu que, fidèle à son fondateur, elle n’exclue pas de penser le politique. En se soumettant à la langue tout en la travaillant au corps, Pierre Guyotat qui vient de publier Arrière-fond, ne cède jamais à l’illusion de réinventer celle-là. Ce rapport à la langue fait de la plus grande contrainte et de la cruelle liberté de dire témoigne d’une vraie rigueur. Si cette écriture a fait scandale au point d’être, un temps, interdite d’affichage et de publicité, c’est selon nous moins pour son contenu que pour sa force subversive. Regarder cette réalité en face reste une démarche impardonnable, suscitant des résistances qui prennent souvent le masque de la pudeur, de la décence, du « bon goût ». C’est pourtant une démarche nécessaire, faute de laquelle on s’expose au retour de cet impensé de la cruauté.