Les politiques de développement durable sont de plus en plus complexes à conduire et ne vont pas sans ambiguïté quant aux objectifs visés. Les évaluations de ces politiques, pour cadrer avec cette complexité, devraient intégrer les représentations que les populations et leurs collectivités ont du développement et les valeurs sous-jacentes que ces représentations portent. Il semble difficile d'en mesurer l'efficacité par le seul recours à des indicateurs normatifs, s'attachant à la mesure des seules performances économiques et financières. Cet article propose un cadre conceptuel qui reconnaît la pluralité des points de vue des différents acteurs impliqués dans la construction et la mise en œuvre des politiques de développement. Nous faisons l'hypothèse que l'évaluation des politiques de développement devrait tenir compte de différents critères, mobilisant notamment les notions non marchandes de subsistance et de bien-être, pour juger des résultats à l'aune des intentions réelles des politiques, elles-mêmes reposant sur des valeurs spécifiques à chaque société. En nous basant sur l'évaluation d'un programme de développement local en Nouvelle-Calédonie, nous validons cette hypothèse et montrons, plus largement, que cette approche cognitive et partagée de l'évaluation pourrait être utilisée pour obtenir une mesure contextualisée du développement.