La gestion des théâtres lyriques
Résumé
« L’industrie théâtrale en France au XIXe siècle » : le titre de la synthèse de Frederick William John Hemmings publiée en 1993 met bien l’accent sur le poids de l’économie du spectacle à laquelle l’historiographie française s’est également intéressée dans une perspective chronologique élargie ou au contraire plus resserrée . Quatre éléments principaux contribuent à la définition de cette « industrie théâtrale » dans la France du XIXe siècle : elle représente un secteur d’activité qui fait appel à de nombreux métiers et fait vivre directement plusieurs milliers de personnes dès le premier tiers du XIXe siècle ; elle produit environ 32 000 pièces (tous genres confondus) sur les scènes parisiennes entre 1800 et 1900 selon une logique proche de la standardisation, en particulier pour les courts vaudevilles souvent qualifiés de « cadres à couplets » dans la première moitié du siècle ; cette offre pléthorique rencontre une demande venant de spectateurs assimilables à des « consommateurs » d’œuvres théâtrales qui alimentent un marché international où la France exerce une forme de suprématie culturelle ; enfin, l’industrie théâtrale nécessite un investissement de capitaux qui prend une importance croissante au fil du siècle. Ce préambule rappelé, l'analyse s'articule en trois thèmes : la difficile gestion des théâtres lyriques à travers la fabrique de leur budget, les différents statuts juridiques des entreprises théâtrales (à Paris et en province) et les tentatives de réduire les coûts par des modalités variées de mutualisation.