Les stylophores sont des échinodermes paléozoïques (Miaolingien–Pennsylvanien) constitués d'un appendice nourricier unique (aulacophore) articulé à une thèque aplatie et asymétrique. Cette classe, qui compte environ une soixantaine de genres, a connu une diversification majeure au cours de l'intervalle Furongien–Floien, avec l'apparition de tous les principaux sous-ordres et familles, aussi bien chez les 'cornutes' (Amygdalothecidae, Chauvelicystidae, Cothurnocystidae, Hanusiidae, Scotiaecystidae), que chez les mitrates (Lagynocystida, Mitrocystitida et Peltocystida). Parmi les cornutes, les amygdalothécidés ont longtemps été considérés comme un groupe peu diversifié (seules deux formes décrites : Amygdalotheca griffei Ubaghs, 1970et Nanocarpus dolambii Ubaghs, 1991), d'extension stratigraphique et géographique réduite (Ordovicien inférieur de la Montagne Noire). Toutefois, au début des années 2000, A. griffeiet des cornutes proches de N. dolambii sont signalés dans l'Ordovicien inférieur de l'Anti-Atlas marocain, mais surtout, Juliaecarpus milnerorum Ruta, 1999, décrit dans l'Ordovicien supérieur de la même région, est réinterprété comme un probable amygdalothécidé (Nanocarpus milnerorum). Au cours des cinq dernières années, la révision des 'cornutes' de l'Ordovicien moyen et supérieur de la Province méditerranéenne réalisée pour le volume sur les faunes du Tafilalt (Geological Society of London, Special Publications) a permis de mettre en évidence une diversité jusqu'alors insoupçonnée au sein des amygdalothécidés. Ainsi, dans l'Ordovicien moyen du Massif armoricain (formations du Pissot et de Traveusot), les formes jusqu'alors décrites comme Domfrontia pissotensis (Chauvel & Nion, 1977) et Beryllia miranda Cripps & Daley, 1994 appartiennent en réalité à une seule et même forme d'amygdalothécidé (D. pissotensis). Ce même genre (Domfrontia) est présent également dans l'Ordovicien supérieur de Bohême (formations de Záhořany, Bohdalec et Kralův Dvůr) et du Maroc (D. milnerorum). Il en résulte que les amygdalothécidés sont des 'cornutes' largement répandus dans les régions de haute latitude de la Province méditerranéenne à la fin de l'Ordovicien moyen et durant l'Ordovicien supérieur. Il est possible qu'ils soient passés largement inaperçus jusqu'à ces dernières années en raison de leur petite taille (généralement de l'ordre de 5 à 10 mm).