Le sceau, utilisé comme outil juridique, a pour fonction première d’identifier son possesseur, le sigillant. Il utilise le verbe, par le biais d’une légende circulaire, et l’image, gravée au centre de la matrice. Dès sa diffusion dans la société médiévale à partir du XIe siècle, l’iconographie sigillaire intègre le monde animal sous des formes très variées : destrier du sceau équestre aristocratique, faucon posé sur le poing d’une dame en pied, lion ornant des armoiries, agnus dei au contre-sceau d’un chapitre ou d’une ville, élégante paire de lévriers au pied d’un souverain en majesté… Les sceaux constituent donc une source riche en figurations animales. On trouve majoritairement des animaux réels. Au premier chef se rencontrent ceux connus des sigillants et des graveurs : originaires d’Europe occidentale, ils peuplent aussi bien la terre que les airs ou les eaux. Ils sont souvent domestiqués (chevaux, chiens, cochons, agneaux, faucons…) mais aussi fréquemment sauvages (loups, poissons, serpents, aigles, écrevisse…). En revanche, l’exotisme est rare (éléphants, dromadaires, panthères, singes…) si l’on omet l’exception notable du lion, animal héraldique par excellence avec l’aigle. A côté de ce bestiaire réel existe un nombre important d’animaux imaginaires utilisés aussi bien par les laïcs que les ecclésiastiques : griffons, grylles et dragons trouvent souvent leur place sur les sceaux, sans parler des sirènes et hommes sauvages. Le caractère monstrueux et fantastique de ces animaux et « demi-animaux » ne décourage pas les sigillants de les utiliser sur leurs sceaux, en particulier dans les riches décors qui se développent sur les sceaux aux XIVe-XVe siècles. Toutefois ils demeurent peu utilisés comme figure principale, sans doute en raison de la fonction identificatrice de l’image sigillaire. A l’inverse, centaures, abraxas ou chevaux marins gravés sur des intailles antiques serties sur certaines matrices sont mis en valeur en raison de leur ancienneté et des pouvoirs attribués à ces gemmes. S’il accompagne souvent la figure du sigillant, très vite l’animal s’affranchit de la présence humaine pour devenir l’objet majeur de nombreuses images sigillaires. Toutefois il ne s’agit pas de tourner l’homme en dérision comme pourraient le faire la fable ou le roman, pas plus qu’il n’est question d’anthropomorphisme : aucun Renart à cheval ni évêque simiesque sur les sceaux. Symbole héraldique ou para-héraldique, emblème religieux, attribut allégorique d’une fonction ou d’un métier, écho d’un nom de lignage : quel que soit le contexte, l’animal sigillaire demeure un vecteur d’identité. Cette clef de lecture éclaire parfois un choix iconographique qui peut sembler déroutant au premier abord. Ainsi ces bêtes de cire illustrent parfaitement les remarques de Michel Zink sur la réflexion anthropocentrique de l’homme médiéval : l’animal sigillaire est pensé au regard d’une nécessité d’identification du sigillant et non pour lui-même.