Saint-Évremond : un auteur pour happy few ?
Résumé
Au cours du XIXe siècle paraissent de nombreuses études ayant pour objet l’œuvre de Saint-Évremond, battant en brèche l’idée trop communément admise d’un oubli de l’auteur. Ce qui retient l’attention est sa situation singulière de précurseur des Lumières. Toutefois, sa pensée religieuse ambiguë et la modération de l’expression de son hétérodoxie permettent de l’ériger en figure consensuelle, ce qui le distingue du corpus des « libertins », alors en cours de constitution. Considéré comme un amateur et un dilettante, et en cela éloigné de la perfection attribuée aux écrivains majeurs, il offre un exemple d’écriture tournée vers la sociabilité, représentatif du mythe de « l’esprit français » qui s’élabore à l’époque et d’une forme de continuité entre l’Ancien Régime et la France d’après la Révolution.