Les portails de la cathédrale Saint-Gatien de Tours, construits à partir de la décennie 1430 pour clore la nef rayonnante de l’édifice, passent pour avoir été considérablement altérés par le vandalisme révolutionnaire puis par le zèle des restaurateurs du xixe siècle. Au point qu’il ne serait aujourd’hui plus possible d’avoir accès à leurs dispositions d’origine, tant en ce qui concerne leur iconographie que le style de leur sculpture. La reprise systématique de la documentation figurée des lourdes campagnes de restauration conduites à partir de 1842 comme l’exploitation des vestiges épigraphiques de ces voussures, permet pourtant de reconstituer avec précision et une relative assurance un programme iconographique à la hauteur des ambitions du monument. Mais ce sont surtout onze figures en plâtre, passées jusqu’à présent inaperçues au sein du dépôt de la «chambre des métaux » de la cathédrale, qui se révèlent être du plus haut intérêt. Un examen rapproché montre en effet qu’il s’agit des moulages réalisés par Gustave Guérin sur les sculptures originales des portails avant leur remplacement. Bien qu’ainsi révélée à travers le filtre de la copie, la sculpture des voussures de Saint-Gatien de Tours sort donc partiellement d’un long oubli et doit être mise en relation avec celle du chantier contemporain de Nantes. Ces deux édifices constituent, au XVe siècle, les deux pôles majeurs de cet espace artistiquement et culturellement cohérent, gravitant autour du domaine royal et de ses marges et appelé à devenir le cœur de cet art reçu comme spécifiquement français dès les premières décennies du siècle suivant.