"Du Maschinen-Mensch au Mensch-Maschine : la techno comme outil pour repenser les liens du corps et de la machine", Dahm, Lambertz-Pollan, Roudaut et Terrisse (dir.) (coll.). Machines / Maschinen. Les machines dans l’espace germanique: de l’automate de Kempelen à Kraftwerk, Rennes, Presses Universitaires de Rennes, Novembre 2020. - Archive ouverte HAL Accéder directement au contenu
Chapitre D'ouvrage Année : 2020

"Du Maschinen-Mensch au Mensch-Maschine : la techno comme outil pour repenser les liens du corps et de la machine", Dahm, Lambertz-Pollan, Roudaut et Terrisse (dir.) (coll.). Machines / Maschinen. Les machines dans l’espace germanique: de l’automate de Kempelen à Kraftwerk, Rennes, Presses Universitaires de Rennes, Novembre 2020.

Résumé

En 1978, le groupe Kraftwerk, originaire de Düsseldorf, sortit l’album Mensch-Maschine, qui révolutionna l’histoire de la musique électronique. La référence au Maschinen-Mensch du film Metropolis de Fritz Lang est claire et même revendiquée par le groupe. Depuis la révolution industrielle, la robotisation du corps et la déshumanisation de la société produite par le processus de mécanisation sont des thématiques qui irriguent l’histoire culturelle depuis la fin du 19ème siècle. On les retrouve dans les titres (Roboter, Neonlicht) et sur la pochette de l’album où les membres du groupe s’apparentent non plus à des chanteurs mais à des hommes aux allures de robots. A moins qu’il ne s’agisse à l’inverse de machines à visage humain ? Car on note en effet un glissement sémantique dans le titre de l’album. Le déterminant du mot composé, « Mensch » se place au début et devient déterminé. D’un « homme-machine", on bascule dans l’univers de la techno vers un monde de machines à visage humain, une « machine-homme ». Partie intégrante de la culture de jeunesse, la techno réinvente les liens tissés entre le corps et la machine au niveau du langage musical qu’elle emploie et du processus créateur, des lieux qu’elle investit voire des corps qui la dansent. Comme genre, la techno ne jaillit pas des instruments de musique mais se fonde sur la sonorité des machines. Elle ne comporte pas de tonalités mais des sons (Klänge) provenant de synthétiseurs, boîtes à rythme, logiciels d’ordinateurs dont le bruit produit exprime et fait renaître ce que le journaliste britannique Jon savage nomme « l’âme des machines ». Corrélativement, la techno est indissociable de l’univers industriel dans lequel elle s’inscrit. En Allemagne, elle s’implante en priorité dans des lieux anciennement mécanisés : site d’excavatrices de charbon à Ferropolis en Saxe Anhalt, salle des turbines de centrale électrique au Berghain à Berlin, capitale mondiale de la techno… La techno repose sur une esthétique hybride, à la fois radicale et futuriste, où l’homme fait à nouveau corps avec la machine et, en ce qui concerne les danseurs, nous interroge sur l’invention d’un nouveau corps dansant ? Ravalée à ses débuts au rang de musique assourdissante, la musique techno s’avère être l’aboutissement d’une nouvelle vision conceptuelle, n’opposant plus l’homme à la machine comme chez Fritz Lang mais rétablissant l’harmonie entre les deux. Cette contribution cherchera à repenser, sous l’angle de l’histoire culturelle de la techno en Allemagne, les rapports complexes qui les unissent.
Fichier non déposé

Dates et versions

hal-02953141 , version 1 (29-09-2020)

Identifiants

  • HAL Id : hal-02953141 , version 1

Citer

Guillaume Robin. "Du Maschinen-Mensch au Mensch-Maschine : la techno comme outil pour repenser les liens du corps et de la machine", Dahm, Lambertz-Pollan, Roudaut et Terrisse (dir.) (coll.). Machines / Maschinen. Les machines dans l’espace germanique: de l’automate de Kempelen à Kraftwerk, Rennes, Presses Universitaires de Rennes, Novembre 2020.. Presses Universitaires de Rennes. Machines / Maschinen. Les machines dans l’espace germanique: de l’automate de Kempelen à Kraftwerk, Dahm, Lambertz-Pollan, Roudaut et Terrisse (dir.,, 2020, 978-2-7535-8002-2. ⟨hal-02953141⟩
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