Matériau premier en importance et en possibilités, l’être humain est au centre de la création théâtrale. Or, quand la profusion scénique devient chère au plaisir des spectateurs, la présence d’un groupe d’acteur nombreux, formant une foule, devient un enjeu problématique pour les équipes artistiques. Autant que du sens du drame, il s’agit de préserver l’effet de la scène : une scène habitée. Si le cinéma ou les spectacles chorégraphiques utilisent et remettent en jeu des foules de danseurs, d’acteurs ou de figurant, le théâtre, bien souvent, préfère désormais l’économie, quitte à décevoir une partie des attentes spectatorielles, qui se reportent alors sur des divertissements de masse à la qualité parfois douteuse, ersatz des manifestations spectaculaires des siècles passés. Par une étude qui s’ancre dans le XVIIe siècle français, siècle où spectaculaire et profusion sont des enjeux fondamentaux d’une réception savante et populaire, pour dériver jusqu’au naturalisme d’André Antoine, qui pose la notion d’économie signifiante, nous chercherons à comprendre le terreau fertile où s’enracine l’austérité caractéristique de nombre de formes contemporaines, ayant délaissé ou transformer ce point précis des goûts du public. La question de la foule sera le point de référence de ce trajet, permettant de comprendre de manière dynamique les enjeux et les formes de sa représentation.