Dans le cadre de la réhabilitation du complexe thermal romain de Vieil-Evreux (Normandie, France), une étude a été entreprise combinant l'usage de clichés aériens et de prospections géophysiques électriques. Dans le premier temps de cette étude, une prospection électrique pôle-pôle a été déclenchée aux alentours de la partie fouillée des thermes, couvrant une surface de 2 ha à maille fine (1 m). Pour des raisons financières, il n'était pas possible de prospecter par les méthodes géophysiques une surface plus importante. Une exploitation de clichés aériens obliques remarquables pris pendant la sécheresse de 1976 a alors été décidée. Le redressement de ces photographies, grâce à un logiciel spécifique et en n'utilisant que des points de calage topographiques, n'a pas permis d'atteindre dans la restitution planimétrique des anomalies phytologiques la précision métrique demandée en archéologie. Ceci résulte surtout de l'absence d'un nombre suffisant de points de calage bien répartis géographiquement sur les clichés. Ce cas se produit très souvent pour toutes les photographies prises dans des régions céréalières d'openfîeld, là où précisément les anomalies phytologiques sont les plus nombreuses, mais où les limites cadastrales bougent très souvent... Nous avons alors testé la possibilité d'utiliser des anomalies géophysiques comme points de calage additionnels. L'hypothèse est qu'il existe une coïncidence spatiale entre des anomalies phytologiques visibles sur le cliché et des anomalies géophysiques, parfaitement repérées. Nous avons testé cette hypothèse en utilisant tour à tour différentes anomalies électriques (piles d'un aqueduc, murs d'un fanum, de sa cella, murs de la palestre). L'erreur RMS calculée en tenant de ces points a permis d'atteindre la précision sub-métrique cherchée (0,86 m sur 26 points) et valide donc l'utilisation d'anomalies géophysiques comme point de calage lors d'un redressement de clichés aériens.