La dernière décennie a vu se multiplier la littérature universitaire en sciences humaines et sociales sur la dimension sonore de notre monde. Ce chapitre pose la question de savoir « quels » sons intéressent l’ethnographie, « pourquoi » et donc « comment ». Ce chapitre, comme le reste de ce manuel, est consacré à l’épineuse question des méthodologies. D’un point de vue heuristique, une méthode (c’est-à-dire le « comment ») n’a de valeur que si elle se fonde sur les réponses données aux deux premières questions, « quoi » et « pourquoi ». Il est important d’établir des distinctions claires entre ces trois questions, bien qu’elles se chevauchent souvent dans le contexte complexe et varié de l’ethnographie (du moins pour les ethnographies qui ne sont pas entravées en amont du terrain par la théorie et une approche programmatique). Par conséquent, il va sans dire que je ne peux pas suggérer la « bonne » et solide méthodologie à utiliser dans la recherche ethnographique, car cela dépend des objectifs et du contexte du travail de terrain ; et aussi, parce que je pense que les sens sont interconnectés et perçoivent l’environnement dans sa totalité, une modalité ou catégorie sonore exclusive sera évitée. Je donnerai un aperçu rapide et partiel des ethnographies qui s’intéressent au son afin de présenter mes propres interrogations de manière plus précise et plus éclairée. Le parcours proposé ici n’illustre pas tout à fait une catégorisation avec laquelle je pourrais composer, elle est trop incohérente en tant que telle, mais c’est plutôt une façon de faire apparaître les différentes méthodologies qui sont, ou pourraient être, utilisées en ethnographie sonore.