L’usage croissant des médias sociaux ces dernières années s’est opéré dans la sphère privée, comme professionnelle. Les effets des réseaux sociaux numériques sur le fonctionnement des organisations sont maintenant bien documentés. Cependant, peu de travaux analysent le cas particulier des professions dont les membres travaillent de façon autonome et isolée. Ces professionnels peuvent alors, hors de tout cadre organisationnel, se saisir des médias sociaux grand public (Facebook, Twitter…) pour échanger, partager des pratiques et ainsi rompre l’isolement de leur activité quotidienne. Notre recherche en cours vise à comprendre comment deux professions – les aides à domiciles et les médecins généralistes – qui présentent des points communs (autonomie d’activité, service à la personne…) mais aussi des différences (qualification, capital social…) se saisissent des médias sociaux. Notre investigation exploratoire réalisée via des entretiens et la collecte de données textuelles en ligne montre une appropriation contrastée des médias sociaux. Pour les aides à domiciles, une segmentation du marché du travail se dessine où les personnes les moins qualifiées utilisent de façon revendicative les médias sociaux pour mettre en lumière leurs conditions de travail difficiles. Pour les médecins généralistes, les médias sociaux apparaissent comme un moyen additionnel d’exercice du capital social, tout en s’inscrivant dans les codes de la profession, dans une forme d’autorégulation.