Les vides de l’histoire, la présence et l’absence des traces de l’extermination des juifs du centre de Berlin (le Denkmal für die Ermordeten Juden Europas et Unter den Linden)
Résumé
Pour exprimer et inscrire la disparition des humains et des cultures provoqués par les massacres, guerres et génocides contemporains de nombreux mémoriaux utilisent la forme du vide. Ils incarnent un effacement des traces et des représentations et remplacent les formes monumentales traditionnelles. Les musées et les mémoriaux développent plusieurs stratégies pour montrer ce qui échappe ainsi à la culture matérielle. L’une des plus développées est l’exposition du vide comme la trace matérielle de l’absence et de l’impossibilité de faire trace. Une déconstruction effective de l’espace et de l’histoire se produit : elle n’est ni conceptuelle ni métaphorique, mais sensible et perceptive. De ce point de vue, le Denkmal für die Ermordeten Juden Europas , conçu par l’architecte Peter Eisenman et l’ingénieur Buro Happold, et inauguré à Berlin en 2005 au cœur de Berlin, apparaît comme un trou dans l’espace urbain.