Au moment de choisir un métier, les jeunes sont engagés dans une phase de leur vie marquée par la construction de leur identité. L’activité professionnelle est précisément l’un des vecteurs de cette affirmation identitaire. Pour les jeunes engagés qui arrivent au terme de leur contrat, une identité influencée par la culture professionnelle militaire n’est pas sans conséquence sur leur aptitude à se reconvertir dans le civil. C’est notamment ce qui a été observé auprès de certains anciens engagés volontaires de l’armée de Terre dont les repères identitaires empruntent, quasiment trait pour trait, ceux du combattant, et qui éprouvent beaucoup de difficultés à se positionner par rapport au marché de l’emploi civil. Au contraire, d’anciens militaires dont l’identité professionnelle était déjà affirmée avant même de s’engager s’avèrent appréhender très facilement leur retour à la vie civile. La confrontation de ces deux types de parcours montre que tout autant que le « savoir-faire » et le « savoir-être » professionnels, la qualité de la reconversion nécessite aussi, et peut-être même surtout, la capacité de se « convertir » à une nouvelle identité professionnelle : celle de civil.