Le 21 mai 2004, le monde découvre, dans les pages du Washington Post, le traitement inhumain réservé aux détenus irakiens de la prison d’Abou Ghraib : sur l’un des clichés, une jeune femme tient en laisse un homme nu, couché à terre. C’est sur cette image que s’ouvre le texte de Claudine Galea Au Bord, distingué en 2011 par le Grand Prix de Littérature Dramatique. L’autrice elle-même doute pourtant qu’il soit destiné au théâtre : tout d’une pièce, ce texte, écrit à la première personne du singulier, se veut exploration intime de l’image, des souvenirs comme des fantasmes qu’elle drague inévitablement. En regard d’autres œuvres emblématiques de la modernité qui s’y sont essayé (en particulier Paysage sous surveillance d’Heiner Müller et La Photographie de Jean-Luc Lagarce), il s’agira dans cette communication de se demander comment écrire l’image au théâtre quand, « comme une flaque », elle engloutit tout discours, voire l’écriture elle-même.