Depuis le maximum démographique du milieu du XIX siècle, les milieux montagnards connaissent des mutations très rapides liées aux impacts conjoints de la déprise agro-sylvo-pastorale et du réchauffement climatique. Dans l’observatoire Homme-Milieu Pyrénées-Haut Vicdessos, le caractère marginal des activités pastorales durant la phase de plein emploi liée à l’activité industrielle (XX° siècle) interfère avec la hausse des températures moyennes pour expliquer la fermeture rapide des paysages observée depuis le milieu du XX° siècle. Celle-ci se traduit par une afforestation rapide des versants dès la fin des années 1950. Dans ce contexte, sur la base d’une approche dendrochronologique mise en œuvre conjointement sur les peuplements forestiers de haute altitude mais également sur les ligneux bas, notre étude vise à (1) caractériser les patrons spatio-temporels de la recolonisation ligneuse avec une résolution annuelle par la datation - au moyen de méthodes dendrochronologiques - des ligneux hauts et bas ; (2) cerner l’influence de la déprise agro-sylvo-pastorale dans la dynamique de recolonisation ; (iii) mettre en évidence l’impact des fluctuations climatiques sur l’expansion et la croissance radiale des ligneux. Pour cela, plusieurs individus de rhododendrons, genévriers et pins ont été prélevés, datés et analysés. Nos résultats mettent en évidence que les ligneux haut et bas ont colonisé quasi simultanément le versant échantillonné en accord avec le pic de colonisation en 1950 mis en évidence par les études polliniques. La comparaison cerne-climat révèle que les genévriers sont plus sensibles aux températures estivales que les pins, ces deux espèces bénéficiant largement de la hausse des températures. Les ligneux bas, contrairement aux arbres, sont sensibles à l’enneigement, une date de déneigement tardive impactant négativement leur croissance. Cependant, le rhododendron se montre beaucoup moins sensible au climat régional mais est probablement davantage impacté par le microclimat et par les événements extrêmes de sécheresse ou de gel. Des résultats préliminaires issus d’analyses dendrométriques et microclimatiques montrent qu’à quelques mètres de distances, les conditions microclimatiques différent significativement ainsi que la croissance radiale des individus de rhododendrons instrumentés.