La plupart des enquêtes sur l'École nous rappelle l'actualité de la question des violences dans cette institution, relayées par les médias européens, mais aussi à quel point cette thématique est chargée d'émotion. Le traitement public de données fournies aux institutions montre l'imperfection des instruments à leur disposition pour comptabiliser victimes et auteurs. Si des chercheurs s'intéressent aux victimations dans l'enseignement secondaire, nous possédons très peu d'éléments pour discuter des victimations subies par les étudiants de l'enseignement supérieur. En Europe, le débat public est uniquement alimenté par les statistiques de police. Mais des chercheurs ont mis au point des enquêtes en population générale. Ainsi, on inverse la focale afin de se positionner du point de vue de la victime. À partir d'enquêtes de victimation menées sur 3 campus universitaires, les résultats qui seront présentés révèlent la nature des faits de délinquance et d'incivilité chez les étudiants en montrant qu'ils diffèrent en fonction de l'implantation urbaine de ces espaces sociaux particuliers. Cette enquête inédite en France permet de mettre en lumière la prévalence des victimations, le profil des victimes et tente de mesurer le sentiment d'insécurité dans une institution qui accueille une part grandissante de la jeunesse. Cet état des lieux constitue un savoir scientifique primordial à l'heure où les questions de sécurisation des lieux publics font l'objet de nombreux débats à travers l'Europe.