La fabrique du réfugié : le réseau associatif canadien et la catégorisation des migrants durant la Seconde Guerre mondiale. L’exemple des civils internés en Grande-Bretagne
Résumé
None is Too Many. Quatre mots qui semblent définir la politique migratoire canadienne à l’égard des réfugiés durant la Seconde Guerre mondiale. En effet, l’ouvrage d’Irving Abella et Harold Troper écorne en profondeur l’image d’un pays ouvert à l’immigration.Afin de restreindre l’accueil de personnes jugées indésirables, le Canada ne différencie pas les réfugiés des autres immigrants, les hommes, femmes et enfants persécutés en Europe doivent donc respecter les restrictives catégories migratoires en vigueur depuis le début des années 1930. Les frontières canadiennes semblent closes.Cependant, le Canada accueille près de 5 000 personnes durant la Seconde Guerre mondiale, dont près de 2 000 civils internés de nationalité allemande ou autrichienne. Ces hommes, d’abord internés en Grande-Bretagne, sont envoyés au Canada à l’été 1940 et ont un statut très flou : sont-ils dangereux, sont-ils de « vrais » réfugiés ? À partir des archives du Congrès juif canadien et d’autres associations favorables à l’accueil de réfugiés, notre communication vise à examiner l’évolution du statut de ces hommes tout au long de leur internement en Angleterre puis au Canada et l’intense travail associatif en lien avec leur libération. Ces hommes admis au Canada en tant que personnes potentiellement dangereuses seront les premiers réfugiés canadiens reconnus durant la Seconde Guerre mondiale et deviendront, pour les associations juives canadiennes, le symbole du « réfugié idéal ».