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Article Dans Une Revue Polysèmes Année : 2017

24 Seconds per (Still) Frame

24 secondes par image (fixe)

Résumé

This essay explores the singularity of photography as a still picture within the beholder’s experience of time, and it examines what is at stake when media, such as videos or slideshows, are brought to bear on the duration of the visualization of a picture. This paper focuses on the beholder’s experience by drawing on the numerous and well-documented analyses related to the interrelations of photography and time. The viewer lingers, taking time before coming up with his/her own image, taking into account the sole fragment s/he sees, the unavoidable unseen which is not the invisible and within which all photographs are taken, and, finally, the déjà-vu that fills the viewer’s memory. The intericonicity effects at once uphold contemplation and disrupt it: what can be seen in a photographed fact while another picture is being thought about? This precarious disentangling, this specific tension, is the privilege of the beholder facing the still picture: as it is inexorably still and silent, the photographic picture keeps the viewer at bay and exposes him to the insane and non-transferable effort (facing the picture that doesn’t prescribe any duration), of having to deliberate what he is seeing, in his own time: his own image. Therefore, owing to its aesthetic status—its use and its enjoyment—, the experience of the still picture requires an undetermined and undeterminable duration. Setting the length of that experience beforehand, from the outside, amounts to a confiscation of the gaze.
Cet article s’attache à préciser la singularité de la photographie en tant qu’image fixe à l’épreuve du temps du regardeur, et les enjeux propres à cette fixité face aux supports de diffusion qui prennent en charge la durée de visualisation des images fixes (en vidéo ou en diaporama). On s’appuie sur les analyses connues, fortes et nombreuses, du rapport de la photographie au temps, en envisageant ce dernier sous l’angle du regardeur : celui-ci prend son temps pour faire son image, à partir du fragment qui lui est donné à voir, de ce qui n’est pas l’invisible mais l’invu indubitable dont la photographie est tirée, et enfin du déjà-vu qui meuble sa mémoire. La photographie ainsi regardée n’enferme pas le temps, elle le déploie : elle se déploie au rythme du regardeur. L’effet d’intericonicité vient retenir, en même temps qu’il le trouble, le regard sur une image : que voit-on d’un fait photographié là où l’on pense à la photo d’un autre ? Ce démêlage précaire, cette tension propre, est le privilège du regardeur d’images fixes : parce qu’elle est irrémédiablement fixe, la photographie met à distance le regardeur et l’expose à cet effort, insensé et incessible, de devoir créer seul, à son rythme à lui (face à elle qui n’en prescrit aucun), la délibération de ce qu’il voit : son image. L’expérience de l’image fixe, dans son statut – sa jouissance – esthétique, requiert ainsi une durée indéterminée et indéterminable : la définir à l’avance, de l’extérieur, revient à confisquer le regard.

Dates et versions

hal-02514392 , version 1 (22-03-2020)

Identifiants

Citer

Anne-Cécile Guilbard. 24 secondes par image (fixe). Polysèmes, 2017, L'art intempestif—La démesure du temps, 17, https://journals.openedition.org/polysemes/2025. ⟨10.4000/polysemes.2025⟩. ⟨hal-02514392⟩
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