Le discours mondialisant de la minorité franco-ontarienne : des grands espaces du Nord à l’espace urbain - Archive ouverte HAL Accéder directement au contenu
Article Dans Une Revue Francophonies d'Amerique Année : 2006

Le discours mondialisant de la minorité franco-ontarienne : des grands espaces du Nord à l’espace urbain

Claudine Moïse

Résumé

C es dernières décennies ont vu un grand changement dans le domaine économique de plus en plus dominé par le secteur privé, la libre entreprise, la privatisation des investissements et les mises en réseaux par l'intermédiaire des nouvelles technologies. Ces bouleversements entraînent des changements idéologiques et une vision du monde mondialisé par l'économique. Ainsi, il va de soi que les minorités linguistiques, confrontées à ce nouvel ordre, tentent pour survivre de s'adapter aux marchés mondiaux et de trouver des secteurs d'investissement économique où pourraient se rejouer leur reconnaissance et leur autonomie par rapport à l'État. Les discours anciens qui ont construit le fait français en Ontario étaient chacun associés à des conditions socioéconomiques dominantes à leurs époques. Le discours traditionaliste, véhiculé par les élites et notamment le clergé, repose sur un certain repli politique et économique des francophones du Canada autour d'une légitimité historique et des valeurs fédératrices. Il s'inscrit dans une conception nationale de peuple canadien français, au-delà des frontières provinciales, dans une cohésion maintenue par la langue, la religion et la famille, valeurs privées, hors de toute confrontation avec l'autre rive anglaise, mais développant donc une certaine forme de marginalisation. Puisant dans une histoire commune, cette idéologie se voit entretenue par des réseaux d'élite, notamment religieux. En raison des changements sociaux de l'après-guerre, on assiste, dans les années 60, à une redéfinition du groupe qui trouve sa nouvelle légitimité dans une conception forte de la nation politique articulée autour de l'État et de frontières provinciales marquées. Les Canadiens français deviennent Québécois ou Franco-Ontariens. De là, le discours modernisant qui s'appuie sur une représentation politique et territoriale de la nation. Il s'agit alors d'une certaine façon d'affirmer l'autonomie par l'État et la mainmise de certaines institutions, particulièrement celles valorisant l'homogénéité linguistique. Aujourd'hui, le discours mondialisant 2 tente à la fois de garder la force du réseau francophone, malgré la fragilisation des réseaux associatifs, tout en s'adaptant au libéralisme, aux conditions du marché, à la perte des ressources anciennes (industrie lourde dans le nord de l'Ontario, par exemple). Il s'agit alors de valoriser le bilinguisme comme ressource et de créer un espace économique et de services francophones.
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Claudine Moïse. Le discours mondialisant de la minorité franco-ontarienne : des grands espaces du Nord à l’espace urbain. Francophonies d'Amerique, 2006, Urbanité et durabilité des communautés francophones du Canada, 22, pp.209-225. ⟨10.7202/1005387ar⟩. ⟨hal-02500511⟩
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