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Article Dans Une Revue Traverses Année : 2006

Danse hip hop, d'une nécessité de parole

Claudine Moïse

Résumé

Si la danse hip hop exprime avec toujours autant de force la révolte sociale de certains jeunes dits des banlieues, elle a su trouver au fil du temps une expression artistique et chorégraphique qui lui est propre, diversifiée et aboutie. Issue d'une pratique populaire elle s'affirme résolument comme une danse contemporaine. Parmi toutes les formes qu'elle développe, elle se voit traversée aussi, depuis ces dernières années, par des prises de parole, nécessaires et captivantes. Il s'agira de voir ici ce que traduisent ces passages obligés par le texte écrit ou la voix intime quand la danse hip hop est prise dans une tension entre expression populaire du groupe et forme contemporaine personnelle. 1. D'une danse populaire…… Une expression première La danse hip hop gagne aujourd'hui en richesse, elle tend vers un ailleurs mais dans une fidélité à elle-même. Elle repousse sans cesse ses propres limites. Il est pourtant toujours facile de la catégoriser, de la réduire à une forme populaire empreinte des danses primitives… parce qu'effectivement elle est tout cela aussi. Expression territorialisée, la danse hip hop puise sa vraie force, son essence et son identité, dans l'origine sociale de ses danseurs autodidactes. Danse du refus, elle est, comme toute expression artistique populaire, instinctive, spontanée, transmise plutôt qu'enseignée. C'est une danse de la rue, virile, qui exprime, dans une métaphore du corps, la violence sociale. Elle renvoie à l'expression vitale du corps, qui bouge, qui tourne, qui saute dans une impulsion première et ancestrale, comme l'enfant qui se laisse aller au tournoiement sur soi, jusqu'au vertige. Elle n'est pas danse de représentation théâtrale mais danse dans le cercle, rituel qui évoque, comme les danses primitives et traditionnelles, les combats ou les récoltes (M Voir Moïse, C., 1999 : 42-43). Elle se rattache alors à la vie. Elle revient toujours, dans un rite païen, à celle qui en est la force et le symbole, la terre-mère, celle qu'il faut aller chercher et toucher, celle vers laquelle on redescend sans cesse, sur laquelle on s'appuie pour mieux rebondir. La vie est aussi celle du coeur qui bat et, en ce sens, la danse hip hop rejoint les rythmes comme ceux de la techno, danse populaire moderne, qui scandent 1 Ce texte est une version synthétique et remaniée, écrite à partir de mon livre, Danse hip hop, respect, Indigène Editions, 2004.
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Citer

Claudine Moïse. Danse hip hop, d'une nécessité de parole. Traverses, 2006, Arts du langage. Construire une transversalité, 8, pp.93-115. ⟨hal-02500508⟩
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