Le constat de la « fracture territoriale » (Davezies, 2012) a conduit à prendre conscience des inégalités entre les territoires. A côté des territoires « qui gagnent » - essentiellement les métropoles et ces zones urbaines qui attirent les classes créatives (Florida, 2005) – existent des territoires « fragiles », « déclassés », promis à une paupérisation croissante, certains étant des territoires « en déprise » identifiés par l’INSEE à partir des données sur la démographie et l’emploi (INSEE, 2019). Or ces territoires, dits de faible densité (CGET, 2015, INSEE, 2015) représentent 90% du territoire national et 41% de la population. Est-il possible de les ignorer et de se focaliser sur les seules métropoles ? Au cours des dernières années, de très nombreuses initiatives locales ont pu être observées, tandis que sont apparus des soutiens publics en faveur du développement ou de la régénération des territoires de faible densité, qu’ils soient urbains, péri-urbains ou ruraux. La prise de conscience de la nécessité de mieux connaître ces territoires de faible densité s’est accompagnée d’une réflexion récente sur le besoin de développer l’entrepreneuriat de territoire (Baudet, 2017), afin de développer des activités qui répondent à leurs besoins et s’appuient sur leurs ressources spécifiques. Si le projet est louable, est-il aisé à réaliser ? C’est l’objet de ce texte que de contribuer à l’état des connaissances sur l’entrepreneuriat de territoire, en s’intéressant particulièrement à la façon dont il est possible de créer une dynamique de coopération entrepreneuriale sur un territoire de faible densité, en mettant également en perspective la diversité des formes – et des leviers – que peut revêtir cet entrepreneuriat de territoire. A cette fin, après avoir présenté les particularités de l’entrepreneuriat de territoire et le contexte des territoires de faible densité, nous étudierons un cas, celui de la Petite Montagne dans le Jura, qui permet d’appréhender cette forme d’entrepreneuriat dans une de ses dimensions structurelles : la coopération entre des acteurs multiples. Ayant une visée exploratoire, cette étude de cas ouvre un agenda de recherche sur une réalité dont les chercheurs se sont encore très peu emparés.