Le développement des compétences psychosociales en contexte Martiniquais - Archive ouverte HAL
Communication Dans Un Congrès Année : 2020

Le développement des compétences psychosociales en contexte Martiniquais

Sophie Girardin
  • Fonction : Auteur
  • PersonId : 1065641
Elsa Raoux
  • Fonction : Auteur

Résumé

D’après une étude américaine menée par Konrath en 2011, auprès de 14000 collégiens, le niveau d’empathie a baissé de 40 % en quarante ans. Or, en situation émotionnelle forte, l’éclipse de l’empathie est à l’origine de la violence d’où l’importance d’éduquer au sens de l’autre. En effet, si le lien à l’autre est insuffisamment construit, ce dernier est perçu comme un obstacle, un ennemi (Zanna 2019). On prête justement à l’école à la fois une vocation socialisatrice (Dewey, 1916 ; Gaussel, 2018) et la mission de faire acquérir des compétences. Cependant, ces dernières font débat actuellement : pour certains enseignants en effet, compétences et savoirs sont antagonistes et craignent que la transmission des premières ne se fassent au préjudice de la transmission des seconds (Carette, et al., 2014). Pourtant, les compétences psychosociales sont des habiletés déterminantes qui contribuent au bien-être (CNESCO, 2017), à la réussite scolaire et au progrès social (OCDE, 2016) et seraient donc profitables à la Martinique qui a reçu « l’échec scolaire en héritage » (Farraudière, 2007). Ce sociologue de l’éducation affirme que, depuis soixante ans, beaucoup de structures privées y ont pris en charge les enfants en difficultés sociales, en difficultés d’apprentissage ou en situation de handicap afin de donner plus à ceux qui ont moins. Aujourd’hui encore, ces lieux de vie luttent, comme lui, pour que triomphe la cause des enfants et de l’école, génératrice de changements dans la société. Ainsi, l’Académie et l’Agence Régionale de Santé de la Martinique, ont déclaré, au Congrès sur l’Éducation et la Résilience (2019) qu’elles mettent en œuvre des moyens propres pour assurer le développement des individus et des adultes de demain. « La vie leur a posé problème et nous voulons qu’ils avancent comme les autres avec le grand espoir d’aller au-delà des souffrances qu’ils auront vécues. » Cela rejoint les principes de la psychologie positive et la science du développement humain optimal à savoir une conception humaniste, des fondements scientifiques et une utilité sociale (Heutte, 2019). De ce fait, une des missions du Conseiller Principal d’Éducation est d’assurer le suivi pédagogique et éducatif individuel et collectif des élèves (Circulaire n°139, 2015). Par conséquent, certains indicateurs nous intéressent dans le but de concevoir cet accompagnement des élèves en difficultés de comportement, sur une année scolaire. Notre hypothèse est que le développement des compétences psychosociales peut être un moyen de prévention (Debarbieux, 2016 ; Favre et Zanna, 2019) et de lutte contre les « préjugés raciaux » et les « rapports de dominant-dominé » (Farraudière, 2007) observés entre adultes et adolescents dans les établissements scolaires. Pour confirmer notre hypothèse, nous avons mis en œuvre des moyens pour évaluer les besoins des élèves de 6ème et de 3ème et ceux des éducateurs, au niveau psychosocial, au sein d’un collège de Fort-de-France : Les indicateurs suivants nous intéressent pour notre projet d’ateliers : -Le vécu et les difficultés de huit assistants d’éducation. -Le niveau d’empathie des élèves exclus pour violence. -Le comportement d’une classe de 3ème difficile. Afin de mesurer ces indicateurs, nous avons utilisé les outils suivants : -Un questionnaire interactif pour l’équipe éducative lors de la formation à la bienveillance et aux compétences psychosociales (Masson, 2019). -Une échelle pour mesurer l’empathie basée sur les travaux de Favre : (contagion émotionnelle / empathie / coupure émotionnelle) lors d’entretiens individuels. -Un questionnaire d’auto-évaluation du comportement élaboré par le groupe départemental (inspecteurs, enseignants et personnel médical) de l’académie de Dijon. Les premiers recueils de données démontrent comme résultats : -Des compétences réflexives recherchées par notre questionnaire, chez les éducateurs formés. -55% des élèves de la classe interrogée ne se confient jamais à un adulte de l’établissement alors que « ne pas pouvoir exprimer sa souffrance, la rend plus grande encore » (Boimare, 2019). -Après entretien, il ressort qu’un élève harceleur est dépourvu d’empathie et qu’un autre est dans la coupure émotionnelle pour éviter de souffrir. Ces résultats vont nous servir, en pédagogie différenciée, pour cibler les problématiques et les compétences à développer grâce aux ateliers de parole, jeux de rôles et exercices ludiques en choisissant parmi cinq supports pédagogiques élaborés par Tartar Goddet, 2008 ; Fallourd et Madieu, 2017 ; Zanna, 2019 ; Sunderland, 2019 puis Boimare, 2019. Afin d’évaluer les cinq séances d’ateliers qui seront mises en place, nous prévoyons que les animateurs et les élèves puissent décrire par eux-mêmes 3 points positifs et 3 points perfectibles. Les élèves ont d’ores et déjà un regard positif sur ce projet. A ce jour, les cahiers de suivi des élèves et les premiers conseils de classe révèlent une amélioration du comportement. Chaque semaine, à travers l’éducation psychosociale, nous continuerons à observer ces élèves en tant que tutrices de développement.
Fichier non déposé

Dates et versions

hal-02495266 , version 1 (01-03-2020)

Identifiants

  • HAL Id : hal-02495266 , version 1

Citer

Sophie Girardin, Elsa Raoux. Le développement des compétences psychosociales en contexte Martiniquais. Journée de Recherche en Education, Apr 2020, Faa'a, Polynésie française. ⟨hal-02495266⟩

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