On connaît bien la figure de Léopold Sédar Senghor, intellectuel francophile et chantre de la négritude, mais celle-ci ne suffit pas à rendre compte de la nostalgie que sa mémoire suscite aujourd’hui dans certains milieux sénégalais. C’est donc ici une tout autre facette du personnage qui est explorée. Un retour sur sa formation dans les années 1930, puis sur les débuts de sa carrière politique dans les années 1950 met en lumière un homme qui a su articuler culture francophone scolaire et cultures vernaculaires des « terroirs » dans une conception particulière de la nation. Dans le contexte de wolofisation et d’urbanisation accrues de la société sénégalaise des dernières décennies, cette dimension de la figure de Senghor explique la réactivation de sa mémoire par une génération de lettrés, née dans les années 1930 à 1950, qui partage une identification à ces deux cultures aujourd’hui en déclin.