L’île matricielle : transmission de la mémoire des îles au féminin chez Gisèle Pineau - Archive ouverte HAL Accéder directement au contenu
Chapitre D'ouvrage Année : 2019

L’île matricielle : transmission de la mémoire des îles au féminin chez Gisèle Pineau

Résumé

Pour la romancière Gisèle Pineau, l’arrachement de l’île de la Guadeloupe vers Paris constitue une double césure : avec le temps de l’enfance d’une part, avec la terre des Caraïbes, d’autre part, à laquelle s’ajoute la perte de la langue créole. Son œuvre ne cesse d’en mesurer et d’en relater la commotion sur une jeune fille, par exemple dans les romans L’exil selon Julia, ou Un papillon dans la cité qui ont été de grands succès de littérature jeunesse. Toutefois ces récits d’enfance et d’adolescence ne se construisent pas seulement sur une esthétique de la déploration et la romancière n’est pas dupe de ce que l’assimilation de l’île à un paradis perdu enfantin et sa cristallisation auraient de réducteur, voire de politiquement suspect : l’île ne saurait être qu’un lieu de vacances estivales pour Guadeloupéens devenus parisiens à contrecœur et qui en cultiveraient à distance une image toute de sensiblerie et de mélancolie. Au contraire, si l’île l’a constituée romancière, c’est parce qu’elle lui a transmis, par les femmes de sa famille, la langue créole, des légendes orales, le goût des mots et la nécessité de la mémoire. Les secrets insulaires chez Gisèle Pineau se transmettent par les femmes : dans Mes quatre femmes elle rend ainsi hommage à ses grands-mères, tante et mère qui ont assuré la survivance de l’île, de sa langue et de sa mémoire, en dépit de l’exil. Dire l’île c’est oser se dire écrivain insulaire tout en revendiquant la créolité, non comme un régionalisme, mais comme un métissage avec le français de métropole. Faire sortir l’île (et le créole) d’une vision stéréotypée de l’enfance et les faire accéder à l’âge adulte de l’écriture.

Mots clés

Fichier non déposé

Dates et versions

hal-02469627 , version 1 (10-02-2020)

Identifiants

  • HAL Id : hal-02469627 , version 1

Citer

Florence Fix. L’île matricielle : transmission de la mémoire des îles au féminin chez Gisèle Pineau. alexandra w. albertini; jacques isolery. Ile, mémoire, enfance, 8, petra éditions, pp.109-132, 2019, Fert'iles, 978-2-84743-262-6. ⟨hal-02469627⟩
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