L'exploitation des territoires pastoraux d'altitude en Ariège, et plus particulièrement dans la vallée du Vicdessos, représente une activité séculaire dont le contexte historique a évolué fortement de l'ancien régime à nos jours. La législation, les évolutions modernes de notre société, les politiques de l'Union Européenne et la mondialisation ont induit des mutations et des tensions dans le mode d'utilisation des estives. Celui-ci était, et reste, profondément enraciné dans la culture et les traditions des zones de montagne où les restes d'une gestion pastorale communautaire cohabite en même temps avec des nouvelles formes d'exploitation et d'habiter la montagne (e. g. aujourd'hui les anciens communs du Haut Vicdessos sont généralement gérés sous forme de Groupement Pastoraux). Le but de ce travail est d'apporter une vision complémentaire à la compréhension de ces transformations, à partir d'une approche ethno-historique. Cette proposition essaie de faire une synthèse de l'impact de ces différents contextes évolutifs sur la gestion communautaire des pâturages d'altitude. Pour étudier les réminiscences actuelles des anciens communs pastoraux et comprendre leur lien avec les évolutions historiques, nous nous avons centré sur les communautés de Suc et Sentenac, Carla Rat (Auzat) et Saleix dans le cadre un travail de terrain de 3 mois pour un mémoire de Masters 2. Les évolutions depuis l'Ancien Régime jusqu'à la période actuelle ont été analysées à partir de sources écrites lues depuis un point de vue ethnographique, en même temps que l'approche bibliographique a été doublé par une enquête sociale basée sur l'observation participante et des entretiens semi-directives pour une compréhension plus vivante et complète des transformations du dernier siècle. Les principales conclusions qui en résultent sont les différences de perception et d'usages qui peuvent exister entre des éleveurs et les résidents secondaires en ce qui concerne les territoires aux abords des villages. Mais également au sein des groupements entre des usagers traditionnels (ayant droits depuis plusieurs générations) et de nouveaux usagers dont les exploitations sont situées dans le piémont ou la plaine ariègeoise. Ces différences illustrent des logiques et des stratégies différenciées des acteurs du territoire et peuvent être à l'origine de conflits d'usage, voire de la fin, de ces communs.