[Texte intégral] L’étude archéologique lancée en 2008 au lieu-dit «Basse vallée du Dan» porte sur une occupation gallo-romaine, dont la nature reste encore à préciser, implantée dans l’avant-dernier méandre du Dan (3,5 m NGF), sur le piémont sud du promontoire de la Grande Roche, reconnu comme un site fortifié protohistorique encore occupé à l’époque romaine. L’opérationréalisée du 15 au 31 août 2008 fait suite à une opération de diagnostic archéologique et à une surveillance de travaux effectuées en 2005. Les observations qui avaient été faites alors révélaient une occupation gallo-romaine inédite et tout à fait insoupçonnée du fond de vallée. Pour cette période, les modalités d’occupation des embouchures et les basses-vallées des fleuves de Basse-Normandie nous échappent encore largement. Dans ce cadre, l’intérêt pour ce site doit être compris comme le point de départ d’une première réflexion sur la caractérisation et la place des petits sites fluviaux dans l’organisation des réseaux d’échange locaux et régionaux à l’époque romaine.L’objectif défini pour 2008était d’évaluer le potentiel d’étude de la rive nord et du lit antique du Dan en vue de vérifier dans les années suivantes l’existence d’un habitat groupé (hameau, petite agglomération) et de préciser l’utilisation faite du cours d’eau. Une zone de fouille de 89 m2 parallèle au Dan, a ainsi été ouverte à la pelle mécanique, à environ 8 m du cours d’eau actuel. L’opération a confirmé les hypothèses élaborées en 2005 concernant l’aménagement du Dan. La fouillea révélé une vaste place empierrée, en pente vers le cours d’eau, se terminant par un quai en dalles de moyenappareil qui rectifie la berge nord du cours d’eau. Les dimensions minimales de la place, telles qu’elle apparaît dans la zone de fouille sont de 13,5 m de longueur E-O sur 6,5 m de large. L’esplanade se poursuit toutefois sur ses 3 côtés en dehors de l’emprise du chantier: à l’est et à l’ouest le long de la rivière et au nord, en haut de pente, en direction des bâtiments sur poteaux découverts en 2005. Le lit du Dan a également été partiellement fouillé, à l’aplomb du quai, révélant les couches superficielles d’un dépotoir domestique et la surface d’un empierrement adossé aux fondations du quai. L’ensemble a été utilisé aux IIIe et IVe s. ap. J.-C. Une limite plus récente de la berge, matérialisée par un alignement de blocs mais encore non datée, a également été mise en évidence entre le cours actuel et Dan et le quai romain. Au fond du secteur 4, un muret perpendiculaire au quai et s’avançant dans le plan d’eau a été mis au jour. Cette structure inédite est incomplètement dégagée. Elle se poursuit sous les limites nord et est du sondage et pourrait former le parement ouest d’un mur plus important ou d’une surface empierrée. La vocation de cet aménagement (quai perpendiculaire au plan d’eau?) aussi bien que la date de sa construction sont pour l’instant impossibles à définir, mais il est clair qu’il s’agit de la construction la plus ancienne fouillée en 2008. Il est nécessairement antérieur au courant du IIIe s., et pourrait remonter aux Ier / IIe s., par comparaison avec le mobilier céramique le plus précoce récolté dans les couches qui s’appuient contre l’édifice.L’ampleur des aménagements et l’abondance du mobilier montrent qu’il ne s’agit pas de la cour d’un bâtiment isolé. La grande place pavée, dont l’usure prononcée prouve sa longue et intensive utilisation, doit être mise en relation avec les fonds de cabanes situés quelques 50 m au nord en haut de pente. Toutefois, son interprétation reste pour le moment en suspens. Il est encore impossible de préciser s’il s’agit d’un débarcadère ou d’un aménagement n’ayant rien à voir avec un port, tels qu’un moulin, ou une pêcherie. Le lien entre le Dan et le hameau n’est pas non plus encore élucidé (le hameau et les structures liées au Dan dépendent-elles d’une villa, constituent-elles un village indépendant dont les activités ne sont que partiellement liées à l’exploitation du cours d’eau?).[texte intégral]