Comment interpréter la tension eschatologique dans les sources monastiques du haut Moyen Âge ibérique ?
Résumé
par Gaelle BOSSEMAN Juan Gil dans un article majeur de 1978 sur les textes eschatologiques ibériques écrit que la spiritualité rêveuse de la fin du ix e siècle », à rapprocher des chimères eschatologiques » qu'il pense partagées par les chrétiens de l'époque, « se reflète elle-même dans l'essor du monachisme » 1. De même, Adeline Rucquoi en 1999 liait vocation monastique ¢ et même érémitique ¢ et eschatologie affirmant par exemple que « la perspective d'une fin imminente pousse alors hommes et femmes à renoncer au monde et à fuir dans le désert en recherche de la purification et d'une vie entièrement dédiée à la prière et à la pénitence » 2. Ainsi, si aux viii e et ix e siècles, « les espérances eschato-logiques ont mené une grande partie des chrétiens méridionaux à rechercher la fuite dans les déserts ou le martyre » 3 , le lien entre fin des temps immi-nente et le succès d'un monachisme ascétique et érémitique se distendrait d'après A. Rucquoi au x e siècle avec le succès d'une règle « plus ''douce'' et indulgente », la règle de saint Benoît 4 , alors même que les chrétiens abandonnent leurs espérances eschatologiques 5. Les travaux de J. Gil et d'A. Rucquoi sur l'eschatologie dans la péninsule Ibérique au haut Moyen Âge attirent l'attention sur un phénomène déjà souligné plus généralement par différents auteurs, et notamment Jean Leclercq : le rôle et le poids des préoccupations eschatologiques dans le
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