Le site préhistorique de Roc-en-Pail, découvert en 1870, est un site archéologique de plein air ayant conservé les vestiges d'occupations datant du Paléolithique moyen (industrie lithique, faune), et dans une moindre mesure, supérieur. Roc-en-Pail est un site exceptionnel, tant de par l'ampleur de sa stratigraphie d'une puissance de près de cinq mètres, du nombre de couches archéologiques, de l'importance des vestiges fauniques et micro-fauniques conservés dans toutes ces couches, que par la découverte des seuls restes humains connus en contexte Moustérien pour la région Pays de la Loire (Gruet, 1950). Les fouilles anciennes menées par le Dr. Gruet ont livré près de 25 000 vestiges archéologiques dont 13 074 pièces lithiques. Depuis les années 1950 et les travaux de F. Bordes et ses successeurs (Mellars 1989), cinq faciès typologiques sont distingués pour le Moustérien du Sud-Ouest de la France et ce à partir des industries lithiques. Néanmoins, leur organisation chronologique est toujours discutée aujourd'hui. Plusieurs de ces faciès ont déjà fait l'objet de réévaluations à l'instar du Moustérien de type Quina (Bourguignon 1997), du Moustérien à Denticulés (Thiébaut 2005), ou encore du Moustérien de Tradition Acheuléenne (Soressi 1999). La cohérence chronologique du Moustérien de type Ferrassie a été mise en défaut par les récentes datations obtenues sur le site éponyme, La Ferrassie (Guérin & al. 2015), qui le placent postérieurement au Moustérien de type Quina. Cette contradiction implique de s'interroger sur le concept de Moustérien de type Ferrassie et semblent réfuter l'hypothèse d'une succession linéaire des techno-complexes Moustériens. Avec plusieurs couches archéologiques antérieures au Moustérien de type Quina, Roc-en-Pail offre l'opportunité de tester la pertinence et la cohérence du concept de Moustérien de type Ferrassie sur une zone marginale de l'aire d'extension des Moustérien de type Quina et Ferrassie où la variabilité technologique pourrait être exacerbée. Cette étude s'effectue en parallèle d'une reprise de la fouille, dirigée par Sylvain Soriano (CNRS). Grâce aux échantillons pour datations OSL prélevés sur la fouille en 2017, l'âge des couches archéologiques dont l'étude est présentée ici sera encadré par un terminus ante quem ainsi qu'un terminus post quem. Les résultats de ces datations, porteront au standard scientifique actuel les collections étudiées, pourtant issues de fouilles anciennes. La portée scientifique de l'étude permettra la redéfinition des entités culturelles du Paléolithique moyen dans un cadre chronologique maîtrisé, qui est actuellement un enjeu scientifique majeur pour la communauté, souligné par la fréquence des publications sur ce thème.