Dans le cadre des Mélanges offerts à Catherine Jacquemard, il m'a paru intéressant de rapprocher deux œuvres latines qui nous ont occupés, chacun de notre côté, pendant de longues années : le Querolus et le De rebus bellicis. L'idée peut paraître saugrenue car les deux textes sont apparemment incomparables par leur nature même : l'un est une comédie destinée à divertir un large public, l'autre un mémoire adressé aux empereurs régnants pour leur proposer des réformes administratives et militaires. Ils ont cependant en commun quelques caractéristiques formelles : l'un et l'autre sont anonymes, ils sont qualifiés de libellus par leur auteur et leur datation a prêté à discussion… Mais c'est une question de fond qui a attiré mon attention : l'un et l'autre évoquent deux problèmes importants et récurrents de l'Empire romain tardif : le brigandage et le faux-monnayage. Si l'on accepte la datation que nous avons retenue pour nos objets d'étude respectifs : entre 366 et 370 apr. J.-C. pour le De rebus bellicis, entre 414 et 417 apr. J.-C. pour le Querolus, une bonne génération les sépare. Les deux auteurs appartiennent à la partie occidentale de l'Empire, mais si celui du Querolus semble originaire de Gaule, celui du De rebus bellicis vivait probablement aux extrémités orientales de l'Empire d'Occident. Il ne s'agit donc pas d'une rencontre sur des faits ponctuels et identiques. [...]