Depuis deux décennies, via les missions sociales et de solidarité confiées aux départements, la France est engagée dans des politiques de l’autonomie (vieillesse et handicap) qui se sont territorialisées. L’action publique se conçoit dans la recherche d’une plus grande proximité avec les territoires et leurs habitants. Ce mouvement d’adaptation des politiques locales aux besoins des habitants et aux réalités économiques, sociologiques, politiques des territoires s’accompagne-t-il d’une dynamique démocratique ? À partir de l’analyse et de la comparaison des politiques locales dans deux départements de la région Nouvelle-Aquitaine, cet article explore la façon dont les départements rendent opérationnelle leur « politique vieillesse » et construisent leur rapport au territoire. Comment les départements assurent-ils leurs missions de gestion des dispositifs vieillesse (allocation personnalisée d’autonomie [APA], notamment) et quelles stratégies de développement local impulsent-ils parallèlement ? Engagent-ils une démarche participative auprès des populations âgées, et selon quelle représentation du rôle social qu’elles auraient à jouer ? La comparaison révèle des différences dans la manière d’organiser l’action, de structurer les acteurs dans les territoires, mais de manière générale, les politiques de l’autonomie demeurent fortement ancrées dans une logique de service à l’usager. La participation est le plus souvent conçue sous un angle technique et administratif. Dans le prisme de la dépendance, la personne âgée peine à s’émanciper et à devenir pleinement actrice des politiques et des projets locaux qui la concernent.