Désormais, la ompétitivité d'un ensemble économique national ou régional apparaît de plus en plus déterminée par la qualité des combinaisons productives issues des comportements entrepreneuriaux. Au Nord, les discours sur le nouvel esprit d'entreprise (Castells, Boltanski et Chiapello) reflètent les spécificités d'une " économie d'archipel " (Veltz), dont les méandres constituent autant de dépendances de sentier tracées par la mondialisation des territoires de la production. Les énoncés sur le rôle de l'entrepreneur accompagnent également l'apparition de nouvelles formes d'accumulation dans les pays du Sud, dont tentent de rendre compte à la fois les qualificatifs d' " industrialisation rampante " ou d' " ethno-industrialisation ", employés par les économistes et les sociologues (Bouchrara, Denieuil), et les représentations de la dynamique entrepreneuriale du secteur informel (De Soto). Les pays en transition ne font pas exception, où l'entrepreneur né des privatisations est érigé en médiateur obligé du passage vers une économie de marché [OCDE, 1997]. Dans tous les cas, la dynamique de l'évolution devient inséparable du jeu des externalités suscitées par l'activité des milieux entrepreneuriaux. Dans le cadre de l'économie régionale, les analyses menées depuis la fin des années 1970, souvent au croisement de l'économie industrielle et de l'économie spatiale [Rallet et Torre, 1995], ont cherché également à identifier le rôle des entrepreneurs dans le développement économique local. Les travaux sur les milieux innovateurs (Aydalot, GREMI), les recherches sur les districts industriels (Beccatini, Piore et Sabel), les approches régulationnistes (Benko et Lipietz) illustrent bien cette tendance, dont le dénominateur commun réside dans l'affirmation de l'aptitude des structures territorialisées à assurer leurs propres conditions de fonctionnement et de reproduction. Notre contribution prend un cheminement inverse, en montrant que les facteurs discriminants, qui opposent " les régions qui gagnent " aux " régions qui perdent ", dépendent de l'articulation du global au local, ce qui signifie en particulier que l'efficience des porteurs de projets et des institutions de soutien, et partant, le développement territorial lui-même, restent conditionnés par la capacité variable des structures locales à converger vers les normes mondiales de production.