Comment penser l’identité et la différence après la pensée dialectique, ou dans les termes d’une « dialectique négative » ? et quelle est l’actualité aujourd’hui d’une telle approche post-dialectique dans notre compréhension de l’identité et de la différence ? Adorno passe souvent pour le penseur de l’altérité, le concept de l’altérité étant opposé au concept de l’identité, aux philosophies de l’identité. Mais comment se rapporte le concept d’altérité au concept de différence ? Peut-on penser une forme d’altérité qui ne soit pas une altérité médiatisée ? Donc une altérité prise dans la logique de l’identité ? Comment se construit le rapport de l’identité et de l’altérité dans la philosophie de l’altérité ? Et quel pourrait en être le résultat pour une philosophie de la différence ? La présente communication vise à montrer sur la façon dont Adorno a traité ce thème de « l’identité » et de la « différence » dans les conférences inédites données au Collège de France, à Paris, en 1961, qui serviront de trame ensuite à sa Dialectique négative. Nous nous appuyons sur un texte en cours de publication dans le cadre d’un travail mené avec avec le Theodor-W.-Adorno-Archiv de Francfort. Ces conférences sont données dans un climat philosophique dominé par les philosophies de Sartre et de Heidegger. Le but pour Adorno est d’élaborer une critique de la conception philosophique fondée sur une philosophie de l’identité, une philosophie de l’être, dont il s’agit de montrer toutes les implications politiques. Il critique ainsi l’heideggerianisme dominant dans la pensée allemande mais surtout et d’abord dans la pensée française de son époque.