Les archives familiales de Tony Selmersheim et les Archives nationales conservent des documents indispensables non seulement pour la reconstitution de l'activité de la société Plumet & Selmersheim, mais aussi pour la compréhension du courant rationaliste de l'Art nouveau dont l'architecte et le décorateur sont les représentants. L'activité des deux artistes s'inscrivait dans celle du groupe de l'Art dans Tout qui, entre 1896 et 1901, organisa des expositions d'art décoratif à Paris, à la Galerie des Artistes modernes. Sobres et rationnels, fabriqués en partie avec des moyens mécaniques et constituant des séries, les ameublements de Plumet et Selmersheim auraient dû plaire à une clientèle bourgeoise qui jusque là avait accordé ses préférences aux pastiches de l'ancien. C'est à cette même clientèle qu'était aussi destiné l'immeuble du 36 rue de Tocqueville (Paris, 17e), conçu par Plumet et auquel contribuèrent Selmersheim, Aubert, Charpentier et peut-être Dampt. Beaucoup plus ambitieux, le projet du Foyer moderne proposé par l'ensemble de l'Art dans Tout en 1898 à la Ville de Paris en vue de l'Exposition universelle de 1900, est détaillé dans un texte dont Plumet fut probablement l'auteur. Véritable "manifeste" pour un «art social», ces pages retrouvées aux archives nationales doivent beaucoup à l'idéal de l'artiste engagé prôné par William Morris et vulgarisé en France par le poète Jean Lahor et le critique Gabriel Mourey. Ce document essentiel pour la compréhension de la mouvance « sociale » de l’Art nouveau en France a été retranscrit et édité en annexe de cet article.