Cette communication voudrait questionner le statut de cul-de-sac épistémologique de l’utérus en géographie. Cette place tient à un faisceau de difficultés, mais qui toutes questionnent profondément l’ontologie de la discipline. Il semble d’abord que le travail sur cet organe réactive des contestations faites plus largement à la géographie du genre et réveille une approche masculiniste, pas encore totalement disparue. Ce sont ainsi des enjeux de frontière entre branches de la discipline qui ressortent. Ces délimitations internes ne sont pas sans interroger non plus les liens avec le reste des sciences humaines et sociales, voire les sciences dures. En effet, l’utérus invite les géographes à une pluridisciplinarité forte, assumée, mais qui cristallise les craintes d’un éparpillement disciplinaire. Enfin, au-delà des querelles de chapelle, l’utérus pose une question fondamentale aux géographes : celle de leur échelle de travail. Le corps étant généralement considéré comme la plus grande échelle, comment penser un organe qui par définition n’est qu’une partie de ce tout ? Tous ces enjeux suggèrent sans doute que c’est l’effet de nouveauté qui effraie, et laisse espérer une domestication de l’organe par les géographes. La deuxième partie de la communication interrogera justement les opportunités ou les pistes ouvertes pour la géographie dans le saisissement d’un nouvel objet. La possibilité d’un vrai travail en pluridisciplinarité semble une première piste à explorer, malgré les éventuelles difficultés de nature institutionnelle qui ne manqueront pas de s’élever. Ensuite, il apparaît que le travail sur l’utérus nécessite un renouvellement des méthodes, des approches, ainsi que des analyses et modes de restitution de la géographie. Dans la lignée des géographies féministes, voire queer, les voies de la performance, de la recherche-participative et du travail critique doivent être explorées. C’est aussi d’une réinvention de l’ontologie géographique dont il s’agit, dans laquelle l’utérus a matière à modeler les cadres disciplinaires.