C’est de 1913 que date la « révolution behavioriste » avec la publication du « fameux manifeste inaugural » (Legrand, 1990) du psychologue américain J. B. Watson : Psychology as the behaviorist views it (Watson, 1913). Très vite, l’effet de mode scientifique ouvre les portes des laboratoires à ce mot dont les différentes disciplines adaptent le sens et les concepts sous-jacents. Le terme de comportement a connu un véritable essor à partir des années 1980 en préhistoire, jusqu’à devenir incontournable de nos jours. Cependant, derrière ce mot se cachent des paradigmes faisant appel à plusieurs paradigmes, définitions et approches méthodologiques, souvent inconnues ou méconnues des préhistoriens. Cette communication visera à démontrer comment, à partir d’un retour à la définition du comportement et en s’appuyant sur les approches behavioristes, psychologiques et éthologiques, il est possible de développer une approche comportementale de l’Homme de Néandertal. Pour se faire, nous montrerons qu’il est possible d’établir une définition générique du comportement, au-delà des paradigmes et que cette définition générique peut être adaptée à notre sujet d’étude qu’est l’homme de Néandertal. Cependant, la possibilité de calquer les méthodologies et les concepts des sciences comportementales se heurte à une limite infranchissable en préhistoire : l’état fossile du sujet d’étude. La démarche ne peut donc être basée sur une observation directe d’un organisme vivant et de ses actions et activités. Ce point de divergence fondamental a des implications fortes sur la méthodologie à mener, basée sur une observation indirecte des actions et des activités des hommes à étudier. C’est donc à travers le spectre altéré et déformé des productions et des traces de l’activité des hommes préhistoriques que leur comportement doit être reconstitué. Prenant en compte ces particularités, nous présenterons l’approche méthodologique que nous avons développée pour reconstituer le comportement des premiers Néandertaliens du Nord de la France. Nous démontrerons son efficience et ses limites en exposant les résultats obtenus sur les gisements de Biache-Saint-Vaast (Pas-de-Calais, France) et de Therdonne (Oise, France). LEGRAND M. (1990) « Du behaviorisme au cognitivisme », L’année psychologique, 90, 2, p. 247-286. WATSON J. B. (1913) « Psychology as the behaviorist views it », Psychological Review, 20, p. 155-178.