Anne Besson définit le cycle en littérature par opposition à la série : le cycle, contrairement à la série qui fait primer la partie sur le tout, se caractériserait par un mouvement de totalisation permettant de lier un ensemble de récits autonomes. Si le cycle littéraire comporte habituellement plusieurs volumes, nous souhaiterions montrer, dans cette communication, que certains romans peuvent prétendre, en eux-mêmes, à cette dénomination. Cloud Atlas, publié en 2004 par David Mitchell, constitue à ce titre un objet d’étude intéressant : en effet, il présente six récits entremêlés, six récits qui pourraient être publiés individuellement – et qui dans la fiction sont des œuvres autonomes – mais qui, pourtant, sont fortement interdépendants. Autrement dit, on retrouve, au sein du roman Cloud Atlas, la dialectique de l’unité et de la discontinuité qu’Anne Besson identifie au sein du cycle. Plus encore, la construction narrative spécifique dans Cloud Atlas sert une réflexion sur le cycle comme temporalité périodique : ce qui lie les récits est alors la présence de personnages ancrés dans un récit mais « migrants » d’un récit à l’autre à travers les strates temporelles et au gré de réincarnations plus ou moins implicites. Notre objectif sera alors, dans ce travail, d’interroger l’organisation narrative et la réflexion sur le temps que porte ce roman à la lumière de la notion de cycle, comprise dans sa polysémie. Nous nous proposons, pour enrichir cette approche, de comparer ponctuellement le roman de David Mitchell et l’adaptation de Cloud Atlas par les sœurs Wachowski et Tom Tykwer (2012) : certains choix, notamment concernant la représentation de ces personnages « migrants », relèvent d’une interprétation qui soutient notre hypothèse.